jeudi 1 mai 2014

Harry (1ère partie)

Harry ne s'appelle pas réellement Harry. Mais depuis longtemps tout le monde l'appelle ainsi, jusqu'à ses proches, sa famille (même ses enfants, on n'est pas bien sûr qu'ils lui connaissent un autre prénom). Suffisamment pour que finalement, il s'appelle quand même Harry. On pourrait y voir une réflexion sur le fait que c'est essentiellement notre rapport aux autres qui nous définit, ou se poser la question de savoir s'il est imaginable de posséder une existence propre, qui peut totalement échapper à la façon dont le regard des autres nous perçoit. Mais ce serait complètement à côté de la plaque, car Harry n'est pas le genre d'homme à se poser ce genre de questions.



Et puis surtout, il l'aime bien son surnom. Il lui vient d'un personnage de romans noirs. Là, on pourrait se poser la question de savoir si cette série de romans policiers appartient (ne serait ce qu'en partie) à la catégorie "roman noir", là on serait en plein dans le genre de questions que le genre d'hommes comme Harry se pose. Mais ça n'apporterait rien à l'histoire, alors autant ne pas s'éterniser sur ce point. Retenons que Harry se fait surnommer ainsi à cause d'un personnage de roman policier, qu'il n'est pas totalement absurde de qualifier de roman noir. Depuis qu'il est tout jeune homme, Harry aime ce personnage, au-point d'y faire souvent référence, de le citer, d'y chercher l'inspiration. Harry aime ce personnage, y voyant (avec grande exagération) une projection littéraire, paradoxale et fantasmée de lui même. Il a plutôt tout fait pour que ça se sache, qu'il aimait ce personnage. Alors quand certains ont commencé à l'affubler de ce surnom, Harry n'a rien dit, mais on n'est pas loin de la vérité en affirmant qu'il était assez satisfait.
 
Un point qu'il aurait pu être intéressant de développer à un moment, concerne le fait qu'il a finalement suivi une trajectoire totalement opposée à celle du personnage auquel il doit son surnom. Alors que le Harry littéraire se normalise avec le temps (au point d'y perdre en épaisseur et en saveur), le Harry de la réalité part d'une situation parfaitement classique et sans relief, pour plonger brutalement dans le chaos puis, comme une onde de choc, faire face à ses parts d'ombre et aux démons qui les peuplent. Mais on n'est pas bien sûr que Harry soit vraiment en mesure de mener ce genre de réflexion sur lui même. Et le parti pris de départ de cette histoire étant de ne pas se noyer dans la psychologie de bazar, chacun sera renvoyé à sa liberté de mener, de son côté, ce genre de réflexion.

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